A la découverte de la nouvelle formule de « Bouts du monde »

148 pages de carnets de route, des dessins, des photos. Bouts du monde propose tout ça depuis le 15 octobre dans les librairies françaises.  Je me suis mise en quête de cette revue pleine de promesses.

11H46 – Bouts du monde est sorti!
Le courriel fait sursauter ma boîte de réception. Quoi?! Et je n’apprends que maintenant qu’il m’attend depuis quinze jours à la librairie du coin de la rue? Allez j’avoue, je n’en veux pas aux fondateurs de cette revue de carnets de voyage. J’adore leur concept et chacun de leur appel à souscription me fendait le cœur. Dans la presse, on a beau avoir des bonnes idées si la distribution ne suit pas, rien ne va.

C’est ce qui est arrivé à leur première bouture. Celle que j’avais découvert en novembre 2008 dans un tabac-presse de centre commercial au fin fond de la Haute-Savoie un jour enneigé et gris. Ça ne s’invente pas. Si on ne me l’avait pas désigné, genre « Je connais William Mauxion« , un des créateurs, jamais je n’aurais eu vent de ce joli projet. D’ailleurs jamais je n’ai réussi à retrouver un exemplaire en kiosque. Même à Paris. Rien. Bouts du monde? Connais pas.

12H17 – Cette nouvelle mérite bien un post
Voilà une demi-heure que je voyage sur leur site. J’aimerais bien les contacter pour leur dire que vraiment, je suis contente que de jeunes journalistes arrivent à réaliser leur rêve. Tiens, ils annoncent qu’ils passent dans « nos » régions… En tant qu’ancien de l’école de journalisme de Marseille (EJCM), William Mauxion finira bien par venir dans le coin. Ou ailleurs. D’ici là, je vais me mettre à la recherche d’un exemplaire dans la cité phocéenne. Mission.

15H26 – Revue inconnue à cette adresse
Je reconnais ne pas avoir passé beaucoup de temps à chercher. Ça a suffi pour dresser trois constats. Je n’ai pas de librairie au coin de ma rue. Les vendeurs interrogés sur le Cours Julien n’ont pas l’air au courant de l’existence de cette revue. Les points de vente spécialisés en « littérature de voyages » sont fermés le lundi. J’essaierai plus tard sur la Canebière. Ou à Paris.

Il manque une liste des distributeurs sur le site de Bouts du monde. Je note néanmoins que pour éviter une désagréable quête du Graal à leurs lecteurs, ils conseillent de commander le numéro. Cela ne coûte d’ailleurs qu’un euro supplémentaire. Plus pratique à gérer pour eux. Moins instantané pour nous.

Lundi 13 décembre à 11H31 – Mieux vaut commander!
Bouts du monde s’est à l’évidence inspiré de XXI pour sa nouvelle formule et le mode de distribution choisi. En revanche, contrairement à son grand frère (si j’ose dire, la ligne éditoriale étant différente…), il n’est pas vendu à la Fnac. Sauf sur commande. J’arrête mes recherches. Finalement, je vais l’acheter en ligne pour 16€. Clic!

Mercredi 3 février – Verdict: plus qu’une revue, un belle œuvre d’art
J’ai un peu honte de l’avouer mais j’ai oublié de compléter mon post. Mea culpa! A vrai dire j’ai si bien commandé Bouts du monde que j’ai reçu deux fois le numéro 5.

Au retour des vacances de Noël, un courrier m’attendait à la poste, à quelques rues d’ici.

A peine sortie de l’enveloppe, la revue m’a plu. 140 pages faciles à prendre en main, un papier de qualité et un superbe montage en couverture. Bouts du monde, c’est joli. L’arrière-plan bleu gris laisse quelques rayons de soleil trouer des nuages même pas menaçants et atteindre une surface d’eau plane en pied de page. Sur la gauche, le titre, les appels de une et à droite des portraits de femmes, d’hommes, noir et blanc ou couleur. Rien qu’avec ça, j’ai l’impression d’avoir quitté mon salon.

A l’intérieur, le voyage continue. Beaucoup, beaucoup d’images. De magnifiques photos (polaroïds en Finlande, Iran, Inde), ce qui me touche le plus, mais aussi d’intéressantes aquarelles, des bouts de dessins qu’on devine griffonné dans des carnets abîmés.

Côté textes, je retrouve sans surprise des articles de journalistes. « Un printemps en Iran » me rappelle ce qui a précédé 2009. J’ai Persepolis en tête. « No Coke, no Pepsy, only Lassi… » Le slogan m’emmène encore plus à l’est.  Le diptyque, pour un traitement original et imagé du voyage en Inde. J’ai bien aimé aussi respirer la poussière au Burkina Faso et franchir la frontière nord-coréenne. Excellent aussi, le portrait de Michel Baggi. Ou comment raconter 20 ans de voyage en deux (petites) pages.

Plus que des récits de voyages, la plupart des sujets apportent des témoignages inédits sur des tragédies humaines ou des joies méconnues. Grandes absentes des journaux, ces histoires individuelles en disent long sur la vie terrestre. Le naufragé de l’île de Biak, Buenos Aires ou le mystérieux carnet de sœur Simone – des tranches de vie qu’aucun autre média ne rendrait visible.

Fan de Nicolas Bouvier, Alexandra David-Néel, Jack Kerouac, j’avoue m’être demandé en termes dignes des plus affreux managers si les carnets de voyageurs étaient suffisamment « vendeurs ». Quelle pessimiste question. Après m’être baladée dans les pages de Bouts du monde, je suis convaincue que oui. Des choix de sujets judicieux, des voyageurs créatifs et une sensibilité artistique m’ont convaincue. Car carnets de route signifie bien plus que récits journaliers d’événements banals. Avec des carnets de voyageurs, on redécouvre notre monde comme on ne l’avait jamais vu. Et ça, ça fait vraiment plaisir.

>>>> Consultez le site de Bouts du monde

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